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Greta Wehbé

Née en 1959 à Beyrouth, au Liban, sa trajectoire artistique débute avec des études en architecture d’intérieur à l’Université de Kaslik, puis se poursuit en France aux Beaux-Arts d’Aix-en-Provence où elle découvre et affine son amour pour la peinture, sous l’enseignement de Vincent Bioulès, et la gravure dont l’étude enrichit sa peinture. Elle en sort diplômée en 1984 et intègre après un déménagement en région parisienne, les Beaux-Arts de Paris où elle étudie
la lithographie et les techniques de peinture pendant deux ans.

Photo Greta Wehbé
Brochure du l'exposition "Peintures et Estampes"

Entretien avec Greta Wehbé (novembre 2023)

On va commencer par le commencement peux-tu nous dire en dire un peu plus sur toi et d’où tu viens ?

Je suis née le 9 avril 1959 à Beyrouth de mère française et père libanais.

J'y ai vécu jusqu'à l'âge de 6 ans. Puis à Zouk Mikaël au nord de Beyrouth jusqu'à l'âge de vingt ans. J'ai été fascinée très jeune par le dessin. A l’école j’attendais avec impatience le cours de dessin hebdomadaire. Pendant la récréation j'allais parfois dans l'atelier de notre professeure Florencia qui me dévoilait un monde d'odeurs et de couleurs ; je me souviens encore de toute la générosité de cette enseignante qui m'a beaucoup encouragée à poursuivre mes études dans l'art ainsi que mes parents. L'été je passais mes vacances avec mes trois frères et trois sœurs dans un petit village du Mont Liban où je m'ennuyais parfois, peignais par crise, à la gouache surtout, quelquefois à l'huile.

C'était des peintures abstraites. J'étais alors influencée par notre professeure qui adorait Picasso, le cubisme et la couleur. Je collectionnais des fossiles dont la région regorgeait.

Je jouais avec mes frères et sœurs sur les ruines d'un temple romain et byzantin, ouvert aux quatre vents et protégé depuis. Je dévorais les bandes dessinées et en admirais le dessin la couleur et la scénographie des images et plus tard le noir et blanc chez Hugo Pratt, les vides et pleins dans ses compositions. J'avais accès aux œuvres des artistes uniquement à travers les revues d'art françaises que l'on pouvait trouver et les livres. J'aimais beaucoup à l'époque Braque Paul Klee Max Ernst Picasso...

Je venais d'avoir 16 ans lorsque la guerre a éclaté le 13 avril 1975.

J'ai quitté mon pays en septembre 1979.

 

Peux-tu nous parler de ton parcours en tant qu'artiste plasticienne et de ton chemin pour y arriver ?

Avant mon départ pour la France, j'ai étudié l'architecture intérieure pendant une année à l'université Saint Esprit Kaslik. J'ai suivi le cursus de l'école des Beaux-Arts à Aix-en-Provence et obtenu mon DNSEP en    juin 1984 en peinture et gravure.

Élève de Vincent Bioulès, j'ai été imprégnée par son enseignement du dessin de la peinture et de l'histoire de l'art. Germaine Pratsevall, professeure de gravure, a été décisive dans l'évolution de mon travail personnel, le passage de la peinture à la gravure a enrichi par la suite ma peinture. J'ai adoré aussi travailler la terre dans l'atelier animé par Jean Biagini qui invitait souvent des céramistes venus des quatre coins du monde. J'ai bénéficié d'un séjour dans le cadre d'un échange durant deux mois à l'école d'art et de design de Farnham en Grande Bretagne en section céramique. Ce séjour a été très riche pour moi et a marqué une vraie étape dans le cheminement et questionnement de mon travail artistique. Il y avait les différents ateliers de l'école que je pouvais visiter : peinture, textile, lithographie. Je découvrais un autre monde d'expressions et je passais mon temps libre dans les musées et galeries d'art à Londres. En juillet 1984 j'ai quitté Aix-en -Provence pour la région parisienne et j'ai étudié la lithographie et les techniques de la peinture à l'école nationale des beaux-arts de Paris.

 

Parmi les multiples techniques artistiques que tu explores, telles que la gravure, la peinture, la sculpture peux-tu nous dire celle avec laquelle tu ressens la connexion la plus profonde, et pourquoi ? 

La peinture pour une certaine liberté.

L'amour et le contact direct avec le support et les outils : le papier la gouache les pinceaux etc..

J'aime aussi aller d'une technique à l'autre.

Et ma recherche dans la gravure notamment, trouve une autre ouverture, un nouveau vocabulaire. 

Un pont est créé entre les différentes techniques qui enrichit mon travail. 

 

Quelles sont tes inspirations et influences en tant qu’artiste ? 

Le paysage la lumière l'architecture la géologie et la musique.

Il y a beaucoup d'artistes que j’aime :

Henri Matisse, Paul Klee, Per Kirkeby, Cy Twombly, Bonnard, Dufy, Turner, Etel Adnan, Bram Van Velde, Cézanne et tant d'autres bien plus anciens. Les miniatures persanes et turques, Rembrandt, El Greco, Canaletto Rubens etc... 

Ce sont parfois des influences à une étape, un moment précis dans mes questionnements et parfois simplement pour la beauté et l'émotion que ces œuvres me procurent.

 

Y a-t-il un sujet artistique qui te tient particulièrement à cœur, un thème qui évoque pour toi une "madeleine de Proust," et qui influence profondément ton travail créatif ?

Le paysage à travers le dessin pour le découvrir.

La peinture pour aller plus loin et rentrer dans un monde intérieur.

Et la gravure en creusant mes plaques et m'ancrer dans le paysage.

 J'ai beaucoup déménagé et c'est ma façon de me relier au lieu de vie et d'en faire partie. 

 La couleur, ainsi que le noir, semblent occuper une place significative dans ton travail artistique. Peux-tu nous expliquer comment ces éléments se croisent et s'entrelacent dans tes œuvres, ou nous parler du choix de ne faire apparaître qu'une de ces dimensions dans certaines de tes créations ? 

Le noir et blanc saisit les touches de lumière et d'ombres qui attirent mon regard et fait abstraction de l'orgie de tons de verts du paysage devant moi ou des mouvements très rapides du courant de la rivière. Cela me permet d'aller à l'essentiel de l'accroche avec le motif.

Dans la série " jeux de lumière", après le dessin sur le vif, la gouache noire, la linogravure m'offre la possibilité d'obtenir des noirs intenses contrastant avec les blancs.

Vide et plein, noir et blanc me donnent aussi une émotion de joie.

La peinture avec les touches de couleurs superposées en aplat ou transparence nourrit la surface et crée une harmonie que je recherche.

 

Peux-tu nous expliquer comment tu détermines le moment idéal pour mettre fin à la création de l'une de tes œuvres ? Quels sont les éléments ou les signes qui t’indiquent qu'il est temps de donner le dernier coup de burin, de pinceau, ou d'encre à ta création artistique ?

Cela restera un mystère pour moi. Il n'y a pas de moment idéal. Il y a le passage obligé du regard, de l'observation. 

Pour certaines œuvres le processus créatif est très fluide et arrive à son terme naturellement. Pour d'autres, beaucoup de questionnements, d'hésitations, de concentration. 

Des œuvres commencées il y a plusieurs années restent à ce jour inachevées.

 

Peux-tu nous définir ton style ? 

Je définirai mon style avec le thème qui m'inspire qui est le paysage dans sa diversité. 

Le besoin du motif pour aller du figuratif à l'abstrait afin de trouver mon propre langage pictural intérieur. Et quelques soient les techniques.

La lumière, le mouvement et l'instant présent sont dans ma démarche artistique.

 

Peux-tu me parler de ta rencontre avec la galerie A Tempera pourquoi ce choix ? 

Un jour, je remontais au hasard la rue de Dion à Montfort-l'Amaury j'ai été attirée par deux belles peintures dans une vitrine tout en haut de la rue.

C’étaient des œuvres de Pierre Coquet présentées par la galerie A Tempera qui venait d'ouvrir.

Je suis rentrée et aussitôt le contact a été établi. Caroline chaleureuse et accueillante a présenté l’œuvre exposée de Pierre Coquet et sa galerie récemment installée.

Je suis revenue quelques temps plus tard. J'appréciais les artistes présentés ainsi que la scénographie et la mise en valeur des œuvres par Caroline.

Il y a un peu plus d'un an, Caroline et ses stagiaires sont venues visiter mon atelier et découvrir mon travail.

L'idée d'une exposition a germé alors.

Pour aboutir à une exposition en décembre 2023.

 

Interview réalisée par Flavie Vaslet

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